mercredi 25 mars 2009

En pause

En un sens, la nuit et la photographie sont ici des temps suspendus. Des mondes en pause. Activité et papier liés : glacés. Un souffle nocturne, attendu, a vidé les lieux, laissant le réel en plan. Géométriques.

Dans ce contexte, la photo est révélatrice ; l’objectif comme artefact solaire, lentille-hélios d’où rien ne bouge plus, braquée sur les séquelles du jour et les bétons nimbés. Artéfacts, donc, nocturnes. C’est la mise en veilleuse de l’homme et la révélation de son empreinte ; le relâchement de son étreinte sur le réel, et la trace de celle-ci.

Le blanc surligne la disparition de l’être en ces lieux spécifiques (immeubles résidentiels, passages, marges hospitalières (ou non)…) qui redeviennent, en ces instants, de simples théâtres d’ombres, des alcôves au regard. Comme un témoin lumineux d’absence. Le dessin d’un désert par ses déserteurs.

La nuit est un formidable terrain pour la photographie que j’ai tenté de développer dans cette série. Une photographie négative, où ce qui est dit n’est montré que sous la forme de la lumière sur le film, d’une empreinte sur le réel –spectrale-. C’est un questionnement de la surface des choses par un médium qui justement n’imprime que la superficialité sensible, qui ne peut voir que l’immédiat visible, mais qui montre les profondes fulgurances de l’espace et du temps. Leur fusion esthétique.

La nuit et la photographie sont aussi des jardins suspendus.

Aucun commentaire: